C'est l'expression qui me parait la plus représentative de ce qui, à mon sens, sous-tend la "nouvelle philanthropie". Bien sûr, le principe du don est d'abord lié à l'émotion que suscite, assez spontanément, telle cause, telle catastrophe, tel type de misère : les associations humanitaires ou caritatives savent d'ailleurs - souvent à juste titre - la solliciter, parfois la mettre en scène. Mais ce type de don est par essence assez volatil : il répond aux circonstances, sans toujours se lier à un approfondissement ou à un suivi du sujet. Les organisations faisant appel à la générosité du public font d'ailleurs beaucoup d'efforts, au travers de leurs publications, pour donner un sens à tout cela et tenter de fidéliser les donateurs.
Mais il existe, je crois, un autre ressort qui anime ceux qui s'engagent, ne serait-ce qu'un peu, dans une cause : s'exposer à une autre réalité que celle qui nous entoure naturellement. Et donc élargir son champ de vision en direction d'un cercle beaucoup plus large, et foncièrement différent : des gens que nous ne pourrions pas croiser dans notre vie courante, soit parce que la maladie ou la pauvreté les tient éloignés, soit parce qu'ils vivent dans des pays très lointains, avec un mode de vie inconcevable dans notre environnement (c'est le cas pour le parrainage international). En réalité, la philanthropie participe aussi d'un égoïsme ! Agrandir sa vie sociale pour la faire sortir de son cercle un peu homogène, ne serait-ce que par un petit fil de don, de photos et de courriers, l'intérêt que l'on peut y consacrer, et l'imagination que tout cela suscite.