mardi 23 novembre 2010

L'éducation des filles : une priorité évidente

Tout le monde est d'accord là-dessus : l'éducation et la promotion des femmes est le meilleur moteur du développement, le plus sûr et le plus puissant. Lu encore dans La Croix cette semaine : "Au Tchad, des paysannes relançent les affaires". Elles se rassemblent autour de projets financés par le microcrédit : fabrication de confitures ou échoppes de légumes leur permettent d'améliorer le quotidien et de construire de nouveaux projets. Et quand on leur demande si leurs époux peuvent les aider, cela les fait bien rire : "L'argent que je gagne, je ne le donne surtout pas à mon mari ! (...)Du moment que je continue de m'occuper des enfants et du ménage, et que je travaille aux champs, mon époux est content". Sans commentaires ...
Certaines ONG ont même renoncé à former les hommes : le Barefoot College, une organisation caritative indienne oeuvrant dans le monde entier, ne fait plus confiance qu'à des candidates recrutées localement, et dont elle sait pouvoir faire en six mois des "ingénieurs aux pieds nus".

Et si la nouvelle priorité était d'éduquer les jeunes garçons ?

vendredi 8 octobre 2010

Les fillettes déguisées d'Afghanistan

Selon le New York Times, certaines familles afghanes choisissent de travestir l'une de leur filles en garçon. C'est tout d'abord une manière d'éviter l'opprobre et le mépris de l'entourage lorsqu'on n'a pas été "capable" d'avoir un héritier. Pour ces jeunes "bacha posh" (habillée comme un garçon), c'est tout à coup une nouvelle vie : d'autres vêtements, c'est aussi la possibilité de faire du sport ... ou de travailler. Mais dès qu'approche l'âge du mariage et que le corps change, la plupart des parents trouvent la situation trop dangereuse, et la jeune fille quitte son déguisement. Cela ne va pas sans conséquences, parfois positives (cette parenthèse leur a apporté une énergie nouvelle) - mais aussi sans dégâts.
Le travestissement est l'un des ressorts les plus fascinants de l'imaginaire - et parfois du réel - humain : de Jeanne d'Arc aux héroïnes shakespeariennes, il agit comme révélateur de vérité. Sous le déguisement, un être jeune teste les autres, leurs sentiments et leur engagement, et s'éprouve lui-même. Il est saisissant, à notre époque, de penser à ces jeunes filles du bout du monde qui vivent en vrai ce qui n'a été souvent qu'une figure de style. Vraiment, on a envie de penser à elles, et on aimerait avoir davantage d'empathie pour partager leur étrange destin.

mardi 14 septembre 2010

Colloque "Fonds de dotation" ce matin à Bercy

Cela fait presque deux ans qu'a été créé cet ovni dans le paysage philanthropique français qu'est le "fonds de dotation". D'esprit libéral, ce nouvel instrument de mécénat repose sur le double principe liberté/responsabilité. Il est aisé de créer un fonds, son contrôle par la puissance publique (en particulier quant à son éligibilité à une fiscalité favorable) s'effectue à posteriori.

Le colloque de ce matin présentait les recommandations du Comité stratégique mis en place pour "accompagner leur essor" (en ligne sur le site du ministère : http://economie.gouv.fr/directions_services/daj/fondsdedotation/fd). Elles sont en effet utiles, car au départ, il faut bien avouer que le créateur, même bien conseillé, "nage" un peu.
J'espère néanmoins que l'administration française n'a pas la tentation, en donnant à ces "recommandations" un caractère pressant, de créer une nouvelle usine à gaz ! Autant les propos de Jean-Jacques Hyest, président de la Commission des lois du Sénat, étaient rassurants quant à la volonté publique de favoriser l'émergence d'initiatives, autant les points de vue évoqués par d'autres intervenants m'ont semblé quelque peu dirigistes ...
J'ai cru bon d'intervenir au nom du "Trèfle bleu", et en pensant à d'autres petits fondateurs comme moi, pour suggérer que nous puissions être représentés dans ce type d'instance : la réponse qui m'a été donnée (il y aurait bien deux créateurs de fonds au sein du Comité : certes, ils représentent respectivement l'Université de Yale et le Louvre !!!) m'a parue un peu loin des réalités du fondateur moyen français.
Nous avons besoin de travailler dans un esprit pragmatique. Bien sûr nous sommes conscients de la responsabilité civique qui est la nôtre. Mais, par pitié, consacrons l'essentiel de notre énergie à la poursuite de notre objectif de fond.

dimanche 22 août 2010

Deux médailles Fields françaises à Hyderabad


L'Inde n'est bien sûr pas qu'exotisme et misère. On connait l'importance de ses pôles universitaires et l'abondance de ses informaticiens. On sait peut-être moins que c'est en Inde qu'a été inventé le zéro ... et que le congrès international des mathématiciens s'y déroulait cette année.
Sur les quatre médailles Fields attribuées, deux vont à des français, dont à un jeune archicube de 36 ans, Cédric Villani.
Tous les quatre ans, les médailles Fields récompensent jusqu’à quatre mathématiciens de moins de 40 ans pour leur apport exceptionnel à la discipline.

lundi 16 août 2010

L'ère des "community managers"

Voici une réflexion interessante sur les liens à venir entre associations et blogosphère : http://influence-ethique.fr/articles/associations-grandes-causes-ong-quelles-relations-avec-les-blogueurs-et-les-blogs. Oui, il est séduisant d'utiliser les ressources du web 2 pour promouvoir une cause : cela parait simple au début, mais on s'aperçoit vite des difficultés du genre ! Sur les différents médias sociaux, chacun - ce qui est le principe même - parle surtout de soi, ou de ses centres d'intérêt ... : comment espérer des autres autre chose qu'une attention convenue ? Il faut donc mettre en oeuvre tout un art de la communication, alimentant ses interlocuteurs régulièrement (mais pas trop) en informations bien calibrées (c'est à dire sympathiques, si possible amusantes ou insolites)... pas évident sur des causes un peu sérieuses !
Eh oui, le terme de "community manager" m'a fait au départ un peu sourire : mais je crois qu'il y a là un savoir-faire réel, plus aisé à endosser par les membres de la "génération internet".
Pour les autres (dont je suis), c'est tout un apprentissage.

samedi 14 août 2010

Internet et urgence

Eh oui, cela va très vite du côté des réseaux sociaux et de l'univers des "geeks" ! Voici un post récent paru sur un site spécialisé : http://www.youphil.com/fr/article/02616-quand-les-geeks-se-penchent-sur-les-crises. On y apprend l'émergence des "crisis camps", où cartographes, traducteurs ou simples internautes partagent le désir de mettre leurs compétences au service des autres en cas de crise. Ca va vite, c'est formidable et c'est efficace dans des situations d'urgence.
Restent, comme toujours, les problématiques de moyen et long terme qui, elles, ont davantage de mal à émerger dans l'actualité ... et ne bénéficient pas, par définition, de l'immédiateté des nouveaux modes de communication.

lundi 9 août 2010

Les réseaux sociaux sauveront-ils le monde ?

On a envie d'y croire, bien sûr (http://www.csmonitor.com/USA/Society/2010/0805/Can-social-media-save-the-world-Some-nonprofits-give-it-a-try?sms_ss=twitter). L'article pose en fait deux bonnes questions : est-ce vraiment si intéressant que de telles fonctionnalités technologiques permettent seulement de chatter sur ses vacances ? et est-ce qu'il ne faudrait pas revenir à une solidarité "à l'ancienne" : s'intéresser aux autres et aider par soi-même, sans attendre que l'Etat ou les grandes organisations (forcément coûteuses) le fassent à notre place ? Les réseaux sociaux peuvent en effet apporter une solution novatrice à une reprise en mains par chacun de l'initiative et de la responsabilité personnelles.

samedi 7 août 2010

Notre "vie sociale élargie"

C'est l'expression qui me parait la plus représentative de ce qui, à mon sens, sous-tend la "nouvelle philanthropie". Bien sûr, le principe du don est d'abord lié à l'émotion que suscite, assez spontanément, telle cause, telle catastrophe, tel type de misère : les associations humanitaires ou caritatives savent d'ailleurs - souvent à juste titre - la solliciter, parfois la mettre en scène. Mais ce type de don est par essence assez volatil : il répond aux circonstances, sans toujours se lier à un approfondissement ou à un suivi du sujet. Les organisations faisant appel à la générosité du public font d'ailleurs beaucoup d'efforts, au travers de leurs publications, pour donner un sens à tout cela et tenter de fidéliser les donateurs.
Mais il existe, je crois, un autre ressort qui anime ceux qui s'engagent, ne serait-ce qu'un peu, dans une cause : s'exposer à une autre réalité que celle qui nous entoure naturellement. Et donc élargir son champ de vision en direction d'un cercle beaucoup plus large, et foncièrement différent : des gens que nous ne pourrions pas croiser dans notre vie courante, soit parce que la maladie ou la pauvreté les tient éloignés, soit parce qu'ils vivent dans des pays très lointains, avec un mode de vie inconcevable dans notre environnement (c'est le cas pour le parrainage international). En réalité, la philanthropie participe aussi d'un égoïsme ! Agrandir sa vie sociale pour la faire sortir de son cercle un peu homogène, ne serait-ce que par un petit fil de don, de photos et de courriers, l'intérêt que l'on peut y consacrer, et l'imagination que tout cela suscite.

vendredi 6 août 2010

A nouveau siècle nouvelle philanthropie ?

A la une des journaux cette semaine : l'appel de Warren Buffet et de Bill Gates aux milliardaires américains (http://www.lefigaro.fr/societes/2010/08/04/04015-20100804ARTFIG00437-ils-donnent-la-moitie-de-leur-fortune.php). 40 d'entre eux vont donner la moitié de ce qu'ils possèdent à des oeuvres caritatives !
La solide tradition de philanthropie anglo-saxonne surprend toujours de ce côté de l'Atlantique : bien sûr nous l'interprétons par une différence liée à la place de l'Etat dans la société. Les fondations américaines prennent depuis longtemps la place qu'ont ici les services sociaux ou gouvernementaux dans le traitement des inégalités, des catastrophes ou des grandes causes.
Une autre différence et non des moindres : la conception de l'héritage !
En Europe et peut-être surtout en France, nous regardons cependant ce genre d'initiative avec incrédulité, si ce n'est avec méfiance. Nous y voyons souvent une manière de s'acheter une bonne conscience (même s'il est impossible de dire que c'est "à peu de frais" !!).
Pourtant, la question se pose aussi, à mon sens, pour nous : et d'ailleurs, nous voyons aussi naître chez nous, même si c'est de manière plus discrète, et avec des moyens beaucoup plus limités, ce qu'il convient d'appeler une "nouvelle philanthropie". La création de nombreuses fondations privées "sous égide", et surtout des très récents "fonds de dotation"(si surprenants, au regard de notre tradition juridique), le montre bien.
Le "trèfle bleu", que j'ai créé fin 2009, est un fonds de dotation (le premier consacré au co-parrainage). Il est modeste pas son ambition - il est adossé à une association "historique" spécialiste de parrainage, le CFPE (http://www.cfpe.asso.fr/) - et sa dotation. Mais le principe juridique correspond bien à une nouvelle conception de l'action philanthropique : se consacrer à un domaine précis que l'on connaît et dans lequel on
se sent impliqué, en en devenant acteur.